Chapitre 5  - Les arts du cirque et les autres activités sportives

Les arts du cirque ont‑ils des liens de parenté avec d'autres sports? Quelles types de relations transversales peut‑on établir dans le cadre du cours d'EPS ? En quoi cette transversalité est‑elle pertinente pour l'enseignant d'EPS ?

Les arts du cirque peuvent être abordés de différentes manières en fonction des motivations de l'enseignant. On peut notamment distinguer deux axes majeurs

‑ respecter la logique interne de cette APSA. Les arts du cirque sont alors utilisés pour développer des habiletés particulières transposables dans d'autres activités;

‑ aborder les arts du cirque par une autre APS (en introduisant, par exemple, la composante spectacle). Cette deuxième manière de procéder permet à l'enseignant novice de se familiariser (et de familiariser ses élèves) aux arts du cirque. Il accèdera ainsi progressivement aux compétences et à l'assurance professionnelle nécessaires pour aborder quelques séances, puis un cycle complet d'arts du cirque.

Quelle que soit l'entrée retenue, il est donc fondamental de tisser des liens entre cette APSA et les autres APS. Cette démarche doit permettre d'étendre l'éventail des choix pédagogiques possibles afin de laisser à l'enseignant la liberté de développer les aspects qui lui semblent le plus pertinent. Il ne trouvera pas ici de pratique prescrite ou normative.

Pour les avoir adoptées et expérimentées, les «pistes »proposées dans ce chapitre nous semblent prometteuses. Elles révèlent aussi des possibilités intéressantes, inspirées de prestations des professionnels du spectacle.

A.  Le football

Le jonglage avec les pieds, tel qu'il est pratiqué en football, est destiné à améliorer la maîtrise du ballon et l'équilibre du corps. Les pauses et les contrôles de balle manuels permettent aux débutants de se rééquilibrer en retrouvant des repères familiers.

Il est possible d'introduire progressivement des jonglages en déplacement, des circuits imposés ou des associations de jonglage manuels et pédestres avec un ou plusieurs ballons.

L'enseignant doit veiller à doser les difficultés et les contraintes: on peut faire varier le nombre de jongleurs, limiter les contrôles manuels, introduire un jonglage manuel pendant le jonglage des pieds, etc. L'utilisation d'autres contacts que les pieds et les mains (tête, cuisses, talons, poitrine, etc.) n'est évidemment pas interdite.

B.  La gymnastique rythmique et sportive

Introduire la jonglerie en GRS permet d'améliorer les « lancer‑rattraper » des engins (cerceaux, massues, rubans, ballons). En effet, la jonglerie privilégie la technique du lancer vertical des engins, qui est très importante en GRS. Le jonglage permet aussi de travailler spécialement le contrôle terminal d'un lancer par les doigts: on retrouve ce contrôle en GRS, même si la prise en main des engins est différente dans ces deux disciplines.

La jonglerie aborde donc deux principes d'exécution communs avec la GRS : le lancer et le rattraper d'engins. Les manipulations d'engins avec déplacements, les évolutions avec partenaires en formation sont autant d'exemples, pris en GRS, que l'on peut transférer en arts du cirque.

C.  La gymnastique sportive

Tout le travail physique et kinesthésique effectué par les gymnastes, l'ensemble des techniques et des méthodes étudiées (surtout au sol), se révèlent fort utiles à la pratique des arts du cirque: une simple roulade peut servir de réchappe et une roue faire office d'entrée en scène.

Toute acrobatie spectaculaire associée à de la jonglerie permet d'étoffer un numéro et de lui donner un « cachet » particulier, une certaine originalité.

D.  L'acrosport

L'acrosport[1] recouvre l'acrobatie au sol et les numéros de main à main. Cette APSA permet également d'introduire la musique dans les enchaînements de figures. Elle est d'ailleurs souvent incorporée dans les spectacles et peut être considérée comme partie intégrante des arts du cirque. Lorsqu'un élève découvre les notions de « porteur » et de « voltigeur », cette proximité lui semble évidente.

Il est possible de travailler des pyramides simples et de les associer à la jonglerie[2] en veillant à n'utiliser que des engins non dangereux. Cette association de deux genres différents (jonglage et acrosport) doit aussi faire appel à des figures parfaitement maîtrisées. Toutes sortes d'évolutions sont par la suite envisageables mise en scène de plusieurs voltigeurs jongleurs, échanges d'engins de jonglerie entre voltigeurs, un jongleur‑voltigeur évoluant avec plusieurs porteurs, etc.

E.  La danse et l'expression corporelle

La mobilité corporelle, la structuration spatiale et temporelle du geste en mouvement sont des notions particulièrement utiles dans les arts du cirque pour aborder la dimension artistique d'un numéro Ces aspects sont abordés en danse et en expression corporelle et, lorsqu'ils sont maîtrisés, permettent aux acteurs d'être à la fois plus réceptifs et plus disponibles à l'improvisation. Autant de qualités nécessaires à la création d'un numéro...

F.   Vers d'autres pistes...

L'utilisation d'autres matériels sportif peut être envisagée en arts du cirque dès qu'une certaine maîtrise se fait jour. Les raquettes et les balles de tennis, par exemple, peuvent être utilisées en jonglerie et associées au bâton du diable.

De manière générale, de nombreux objets peuvent être détournés de leur pratique originelle pour accentuer un effet, pour créer un numéro spectaculaire ou original.



[1]       Nous avons déjà signalé l'ouvrage collectif sur l'acrosport édité par l'AEEPS. Voir aussi FROISSART (T.), Enseigner l'acrosport en milieu scolaire, au club. L'acrobatie à mains nues, Les cahiers Action, 1997

[2]        De très nombreux articles de la Revue ERS traitent de l'acrosport et/ou de l'acro‑gym, par exemple GUYOT (P.), SALLES (E.), « Construire des pyramides et jongler », Revue ERS, n° 255, sept.‑oct. 1995.