Chapitre 6 - L'évaluation

Comment aborder l'évaluation en arts du cirque? À quel moment doit‑on évaluer les apprentissages? Quels critères et quels indices prendre en compte? Comment différencier la part de la performance, celle de la maîtrise et celle de la connaissance lors d'une évaluation?

L'évaluation des apprentissages a toujours été source de questionnement et demeure au cœur des préoccupations du monde scolaire.

Raymond Thomas soulève les problématiques essentielles de l'évaluation scolaire (qu'est‑ce qu'évaluer? évaluer quoi? évaluer quand? évaluer comment?) sans formuler de réponse définitive[1]. Charles Hadji en souligne les difficultés lorsqu'il écrit: «Le fait, c'est l'absence de fiabilité des notes, que de nouvelles recherches viennent constamment rappeler au bon souvenir de ceux qui voudraient l'oublier. L'impératif, c'est d'apprécier le plus objectivement possible le degré d'atteinte des objectifs pédagogiques ou sociaux assignés aux apprenants... »[2].

Il apparaît évident qu'on ne peut pas tout évaluer[3] et la véritable question qui se pose est: que doit‑on évaluer[4] et à quel moment?

Dans la continuité de notre conception de l'apprentissage, largement inspirée par les travaux de R. A. Schmidt, nous pensons que l'évaluation doit se situer en dehors des séances d'apprentissage. «La meilleure évaluation consiste probablement en un test de rétention »[5], un test d'évaluation différé dans le temps, afin que les habiletés apprises soient réellement mesurées et non les facteurs temporaires de la performance[6]. Nous pensons donc qu'il faut réserver une séance spécifique à l'évaluation.

En fonction des objectifs que se fixe l'enseignant quand il met en place un cycle d'arts du cirque, deux modalités d'évaluation peuvent être distinguées

‑ une évaluation spécifique de la performance et de la maîtrise d'exécution (par exemple l'évaluation d'une habileté motrice comme la maîtrise du jonglage à trois massues);

‑ une évaluation globale axée autour de la construction et de l'interprétation d'un numéro réalisé en public.

I.     L'évaluation spécifique

A.  Difficulté et complexité de la tâche

On peut se référer aux notions de difficulté et de complexité pour aborder l'évaluation spécifique[7]

‑ la difficulté d'une tâche est surtout liée à la quantité des contraintes imposées.

Pour donner un exemple simple (voire simpliste), plus le nombre d'engins est important, plus le jonglage est difficile. De même, on peut écrire sans se tromper qu'un parcours rectiligne en monocycle est plus facile à effectuer qu'un slalom entre des plots;

‑ la complexité renvoie avant tout aux tâches multiples et aux problèmes de prise d'informations: par exemple, il est plus complexe de jongler à trois balles sur le rolla‑bolla que de le faire debout, ou même en marchant.

Dans la suite de nos propositions, nous considérerons (pour simplifier) que la notion de difficulté se rapporte à la mesure de la performance et que la notion de complexité fait référence à la mesure de la maîtrise d'exécution.

B.  La difficulté comme critère d'évaluation

Nous proposons cinq critères permettant de mesurer la difficulté d'un jonglage, chacun d'eux pouvant être évalué par un test spécifique. Ces critères d'évaluation sont autant de contraintes rencontrées par les élèves lorsqu'il sont confrontés aux différentes tâches motrices

‑ le nombre d'engins manipulés. Il peut varier de un à quatre en milieu scolaire. Il s'agit ici d'engins de même type et de même consistance;

‑ la nature de l'engin utilisé. Le jonglage peut être réalisé avec trois balles semblables (donc un même type d'engin) de grosseur ou de poids différents (balles de GRS, de tennis, ballons de volleyball...). Il peut également être réalisé avec des balles différentes (une balle de jonglage, un ballon de volley‑ball et une balle de GRS) ;

‑ le temps de jonglage effectif;

‑ la fluidité de l'exécution. La fluidité (ou rythme) est évaluable par d'autres observables, comme le maintien du regard devant soi, la stabilité des appuis pédestres (que l'on peut matérialiser au sol par des cercles), etc.;

‑ la vitesse d'exécution. Elle est lente ou rapide, variable à la demande, ou forcée volontairement.

C.  La complexité comme critère d'évaluation

La notion de complexité relève, à notre sens, de la « multidimensionnalité » de la tâche. Jongler à l'arrêt est plus simple que jongler en marchant ou en reculant... Ce faisant, nous considérons non seulement l'acte de jongler, mais de plus l'intégration de celui‑ci dans autre action motrice, quelle qu'en soit la nature.

Nous proposerons cinq indices de référence pour évaluer la complexité d'un jonglage. Ces cinq indices peuvent être associés à des scores permettant de construire une fiche de notation et servir de contraintes initiales dans l'élaboration d'un numéro

‑ le jonglage en mouvement. Il est nécessaire de préciser exactement le mode de déplacement ou de mouvement associé

marche (vers l'avant, vers l'arrière, latéralement), course, mouvement connexe à une recherche d'équilibre (rolla‑bolla, monocycle, tour sur soi‑même, saut, etc.), mouvement lié à des postures d'acrosport, mouvement divers (type GRS par exemple);

‑ le rythme d'alternance des figures. La production d'une figure associée (B) à une figure de référence « jongler avec trois balles en cascade » (A) peut apparaître sur un rythme binaire (A, B, A, B, etc.) ou sur d'autres fréquences (A, A, B, A, A, B; A, A, A, B, A, A, A, B,etc.);

‑ le nombre de phases composant la figure de jonglage;

‑ le nombre de jongleur(s) intervenant dans la figure (sous forme d'échanges);

‑ le nombre d'engins différents manipulés (par exemple jongler avec une balle, une massue et un chapeau).

Les indices liés à la difficulté et à la complexité de la tâche peuvent être répertorié sur une ou plusieurs fiches afin d'identifier les niveaux d'exigence que l'on souhaite atteindre. II est possible de ne tester qu'une variable à la fois en définissant un barème propre à la classe et dépendant des objectifs visés. Il est également possible de réaliser des nomogrammes réunissant deux variables.

II.   L'évaluation globale à partir d'un numéro

A.   Construire un numéro

Lorsque l'on analyse l'évolution des « métiers de la culture »[8] et certaines créations jonglistiques[9], on ne peut que constater l'importance prise par le public. Les arts du cirque, même en milieu scolaire, doivent intégrer cette composante essentielle. Le cirque valorise de plus en plus les démarches poétiques: l'artiste se met en représentation par le biais d'un personnage, son univers est sonore et visuel, l'exploit vient y servir l'imaginaire. Ces aspects doivent également apparaître dans l'évaluation.

Pour intégrer ces différents aspects à l'évaluation, on peut demander à l'élève de construire un numéro respectant des critères significatifs.

La construction du numéro adopte un découpage en trois phases

‑ l'entrée en scène et la séquence introduisant le thème du numéro;

‑ le développement (l'évolution des figures débouche sur la figure la plus symbolique, la plus esthétique ou encore la plus acrobatique du numéro);

‑ le final indiquant la fin du numéro et le salut au public.

L'interprétation du numéro doit comprendre

‑ l'utilisation de l'espace scénique (précision des déplacements, adéquation par rapport au thème du numéro, présence et charisme, placement du regard);

‑ l'utilisation d'un support sonore (texte ou musique) adapté (synchronisation du rythme de la gestuelle avec celui de la musique);

‑ l'utilisation d'accessoires (costumes, décors, maquillage);

‑ une dimension émotive et une nécessaire implication de l'acteur dans l'interprétation (conviction, mémorisation, transmission d'une émotion).

B.  Évaluer un numéro

Nous avons retenu les critères suivants pour évaluer un cycle de jonglerie en sixième

‑ enchaîner trois fois la même figure pour la valider;

‑ tolérer la chute d'un engin lors des liaisons entre figures;

‑ utiliser au minimum deux engins identiques;

‑ faire durer le numéro de 30 secondes à 1 minute;

‑ présenter trois figures de jonglage différentes;

‑ présenter une figure particulièrement originale.

Pour les engins d'équilibre les mêmes critères peuvent être utilisés, mais l'enseignant proposera un parcours (ou des déplacements) où seront intégrées les contraintes exigées.

Après un cycle d'arts du cirque en quatrième ou en troisième, le numéro sera présenté en musique, en une formation choisie (solo, duo ou troupe). Il devra comporter l'utilisation de deux groupes d'engins (ou de techniques) différent(e)s et présenter un minimum de cinq figures par groupe (d'engins ou de techniques). On pourra imposer les critères suivants ‑ aucune chute;

‑ une figure particulièrement difficile; ‑ des éléments chorégraphiques;

‑ des liaisons entre l'entrée, le développement et le final;

‑ un temps de présence sur scène significatif (supérieur à 30 secondes).

Au lycée, on pourra proposer la situation de référence figurant dans les documents d'accompagnement des programmes

‑ exécuter une prestation à plusieurs;

‑ présenter des situations d'équilibre précaire et des habiletés fines;

‑ tisser un fil conducteur (« fil rouge ») à travers son numéro (comportant une entrée, un développement et une fin) à partir de la création d'un personnage ou d'une histoire;

‑ présenter sa prestation sur une scène ronde (ou en demi‑cercle);

‑utiliser un monde sonore, l'espace de la piste et la temporalité du numéro (maximum de cinq à huit minutes) pour renforcer la cohérence de sa prestation.

C.  Un exemple de grille d'évaluation

La grille que nous proposons n'est qu'un exemple destiné à illustrer notre propos sur l'évaluation générale à partir d'un numéro. L'enseignant pourra s'en inspirer pour construire son évaluation, à condition de l'adapter à sa propre démarche.

Réalisation du numéro: sur 10 points

Originalité du numéro: sur 5 points

Mise en scène et jeu d’acteur sur 5 points

Critères liés à la réalisation du numéro (sur 10 points)

Malus

Valeur

Déséquilibre et récupération d'un engin

-0,5 point

4 points

Chute et perte d'un engin

- 1 point

Absence de liaison entre les éléments

- 0,5 point

2 points

Construction en 3 temps distincts (présentation, développement, fin et salut)

-1 point

2 points

Rythme dans le numéro

 

1 point

Utilisation de l'espace

 

1 point

TOTAL

 

10 points

Originalité du numéro (5 points)

valeur

Reprise de figures apprises en cours

1 point

Numéro original construit avec l'aide du professeur

3 points

Numéro original construit seul

5 points

TOTAL

5 points

Mise en scène et jeu d'acteur (5 points)

valeur

Utilisation d'un support musical

1 point

Utilisation d'accessoires (engin en plus, maquillage, costume )

1 point

jeu d'acteur (maximum 3 points)

Ne s'occupe pas de sa position par rapport au

public. Ignore les spectateurs.

1 point

Prend en compte le public mais s'oriente mal par

rapport aux spectateurs.

2 points

joue avec le public. Fait participer les spectateurs.

3 points

TOTAL

5 points

5 points

III. D'autres modalités d'évaluation possibles

La difficulté et la complexité d'un jonglage peuvent être déterminées d'une manière différente:

‑une procédure simple consiste à classifier les figures de jonglage comme celles de gymnastique sportive. Cette classification doit être construite par chaque enseignant en fonction des options pédagogiques privilégiées;

‑ il est également possible de construire une grille de niveaux d'habiletés en fonction des apprentissages abordés en cours.

Nous distinguons quatre niveaux d'habileté distinguant:

le jeu d'acteur;

le thème du numéro;

la(technique;

la gestion scénique.

 

Jeu d'acteur (1) -Thème du numéro (2) - Technique (3) - Gestion scénique (4)

Niveau 1.

1.Débute (termine) son numéro sans entrer sur piste (sortir ni saluer.

2.Exécute son numéro sans thème support au jeu d'acteur.

3.Fait chuter l'engin à chaque manipulation (ou presque).

4.Des accessoires paraissent indispensables mais ne sont pas utilisés.

Niveau 2

1.Débute (termine) son numéro sans entrer sur piste (sortir) mais salue son public.

2.Développe son numéro sur un thème très confus.

3.Fait chuter l'engin une ou deux fois ou le récupère difficilement.

4.L'utilisation d'accessoires n'apporte rien au numéro.

Niveau 3

1.Débute (termine) son numéro avec une entrée (sortie) de piste mais ne salue pas son public

2.Développe son numéro autour d'un thème clair et compréhensible par le public.

3.Aucun engin ne chute (quelques légers rattrapages ou déséquilibres).

4.L'utilisation d'accessoires améliore le numéro.

Niveau 4

1.Débute (termine) son numéro avec une entrée (sortie) de piste en saluant son public.

2.Développe son numéro autour d'un thème qui fait réagir le public (rires).

3.Le niveau de réussite est proche de la prouesse.

4.L'utilisation d'accessoires met en cohérence le jeu d'acteur et la technique circassienne.

IV.Lexique

Acrobate: artiste de cirque dont le numéro, présenté sur la piste, repose sur la souplesse, l'agilité et la force.

Anneau: objet circulaire de petite taille, dont la fonction essentielle est de s'enfiler sur une baguette. Par extension linguistique, ce terme désigne des cerceaux plats utilisés en jonglerie, en plastique, au diamètre de 32 à 42 cm et ayant une paroi de 4 cm.

Antipodiste: artiste de cirque jonglant avec les pieds, généralement allongé sur un siège au plan incliné, appelé ««trincka »•. Auguste: artiste de cirque comique, qualifié de naïf, de pleutre et de balourd. II appartient à la famille des clowns.

Arts de la piste: l'expression désigne les disciplines artistiques définies comme arts du cirque, mais présentées à des fins professionnelles.

Arts de la rue: ensemble de disciplines artistiques et de techniques sportives utilisées pour des spectacles de rue et dont la spécificité s'articule autour des trois critères suivants: l'interdisciplinarité technique et artistique. l'intégration du passant ou du spectateur dans le numéro, l'appropriation de la me comme espace scénique.

Assiette chinoise: assiette (en plastique et à rebord) que l'on fait tourner au bout d'une baguette afin de pouvoir réaliser des figures.

Balle à grains: balle de jonglage remplie de grains ayant comme avantage, pour les débutants, de ne pas rouler lorsqu'elle tombe. Il existe aussi de petits sacs du même type appelés sacs à grain et ayant les mêmes fonctions.

Balle rebond: balle en silicone permettant les rebonds. D'autres matériaux moins onéreux sont utilisés mais le rebond est moins bon.

Balle de scène: balle avant un diamètre important (90 mm) afin d'être visible des spectateurs.

Banquette: ensemble des éléments de bois peint recouvert de velours rouge et délimitant la piste.

Bâton du diable: bâton d'environ 80 cm, de forme conique, qui se manipule avec deux baguettes. Certains, nommés.<bâtons fleur o, ont le même diamètre mais présentent des franges en tissu à leurs extrémités.

Boule d'équilibre: boule de diamètre variable (entre 62 et 120 cm) sur laquelle on doit rester en équilibre tout en la déplaçant.

Caoutchouc, rextan, silicone, plastique: nom de matériaux à base desquels sont fabriqués les engins de jonglage.

Cascade: lancer permettant de réaliser une figure de base en jonglage à trois balles. Chambrière: long fouet utilisé depuis le centre de la piste par les dresseurs de chevaux (non montés) ou utilisé dans un manège, par le professeur d'équitation.

Chapiteau: coupole de toile démontable, de taille et de forme variables, permettant d'accueillir la piste, les gradins et l'orchestre. II demeure, avec la piste et la caravane, un des symboles du cirque.

Charivari: sarabande rapide et acrobatique exécutée par une troupe de clowns ou d'acrobates déguisés.

Cirque: enceinte où se déroule des spectacles équestres, acrobatiques, etc.; ensemble des activités qui se rapportent à ces spectacles; entreprise spécialisée dans la production de ces spectacles.

Circassien: terme par lequel les gens du cirque se définissent; par extension, tout ce qui est relatif au cirque.

Clown: personnage comique du cirque. Le Clown blanc, par l'opulence de soir accoutrement, caractérise le pragmatisme, l'importance, voire l'intelligence; son compère, l'Auguste, s'offre à la raillerie du public par sa naiveté, le grotesque de ses manières et la démesure de ses réactions. Si les deux personnages sont souvent très liés, de nos jours apparaissent de nouvelles silhouettes s'attachant à créer des personnages comiques.

Colonnes: lancers verticaux et simultanés en jonglage.

Combinaison: présentation harmonieuse de plusieurs figures simultanées, afin d'obtenir un effet spectaculaire dans un numéro. Exemple: se déplacer en monocycle tout en jonglant.

Configuration: place occupée par chaque artiste dans un numéro, notamment en jonglerie.

Contact‑juggling: manière de jongler en maintenant une (des) ballets) constamment en contact avec le corps.

Convention: rassemblement de jongleurs. Création: processus et travail artistique allant de la conception à la réalisation sur scène. présentation devant un public d'une saynète ou d'un numéro ayant un caractère novateur.

Diabolo: engin de jonglerie ayant un axe central et deux calottes en caoutchouc, que l'on met en rotation à l'aide de baguettes munies d'un fil. Ce diabolo (ou Kouen‑Gen) est originaire de Chine. Il y était utilisé par les marchands forains pour attirer les clients.

Entraxe: partie métallique reliant les deux flasques (ou calottes) d'un diabolo.

Entrée: petite comédie ou saynète à thèmes simples donnée par les clowns. Se dit aussi de l'introduction d'un numéro durant laquelle l'artiste met en place les éléments qui valoriseront sa prestation. Dans ce sens, le terme est utilisé pour différencier les trois parties du numéro: l'entrée, le développement et la fin (le final).

Équilibriste: artiste réalisantdes numéro d'équilibre avec son corps et/ou avec des objets.

Faire‑valoir: personnage qui met en valeur un artiste, en jouant le rôle de candide ou en facilitant la réalisation d'une prestation.

Flasque: partie en forme de demi‑cône (appelée aussi calotte) d'un diabolo.

Fildefériste: artiste évoluant sur un fil tendu à faible hauteur (de 0,50 m à 2 m). Figure: ensemble de mouvements ou de gestes ayant une unité artistique et constituant un tout. Généralement, les figures portent le nom de l'inventeur (artiste l'ayant pour la première fois popularisée) ou un nom évoquant un objet ou sa fonction (par exemple, au diabolo: l'ascenseur aux balles, les colonnes).

Flash: figure consistant à envoyer toutes les balles (que l'on a dans les mains) en l'air.

Funambule: artiste évoluant sur un câble à très grande hauteur.

Garchine; rideau de velours rouge séparant la piste des coulisses.

Joggling: action de courir en jonglant. jongle: vaste réseau multiforme et diversifié regroupant tout ce qui a trait à la jonglerie. Par extension, c'est aussi le monde de la jonglerie.

Jonglerie et jonglage: les deux termes coexistent et désignent différentes notions. Certains puristes affirment que le mot jonglage n'existe pas (ou ne devrait pas exister) et que seul le terme de jonglerie est conforme pour désigner les exercices des jongleurs. Pour d'autres professionnels, le jonglage définit les exercices du jongleur lorsqu'il manipule des engins similaires (balles, massues...) et le terme jonglerie doit être employé lorsqu'il jongle avec divers engins (bâton du diable, diabolo etc.). Pour le dictionnaire Grand Larousse, le jonglage est ala technique manuelle du jongleur de cirque » lorsqu'il a lance en l'air, rattrape et relance avec adresse, les airs après les aunes ou simultunénunt, divers objets». La jonglerie est définie comme » l'art du jongleur» ou encore comme « l'action de jongler ».

Jongleur: artiste présentant, avec grâce et virtuosité, des numéros avec objets à base de lancers en l'air, de rebonds au sol, de contacts corporels, d'escamotages, de aspinning» et de manipulations à effet gyroscopique, dans un but de performance, de divertissement ou dans un but artistique.

Léotard: se dit du maillot des acrobates, d'après le nom du créateur du trapèze volant, jules Léotard.

Massue: bâton (en polyéthylène) renflé à l'un de ses extrémités, que l'on manie pour effectuer des moulinets (swinging) et des lancers en rotation.

Monocycle: engin muni d'une seule roue sur laquelle est fixé le pédalier.

Numéro: terme générique désignant l'ensemble des exercices (ou tours) présentés àpartir d'un thème et constituant une partie du spectacle de cirque. La durée moyenne d'un numéro est de huit minutes. Un numéro est composé d'une entrée (introduction) suivie d'un développement alternant des variations de rythme et rte routines, puis d'un final.

Passing: figures de jonglage réalisées par deux jongleurs (ou plus) qui se passent leurs engins.

Patte de chat (ou griffe): prise de balle avec la paume de la main orientée vers le sol (pronation).

Piste: espace scénique en cercle de treize mètres de diamètre (la longueur de la chambrière en est le rayon) autour duquel prend place le public. Imposée par Philip Astiey au XVllh, siècle, cette architecture scénique deviendra un des symboles du cirque.

Porteur: artiste restant au sol et assurant la base stable sur laquelle le voltigeur

va exécuter des exercices acrobatiques.

Prolongateur de selle: partie métallique permettant de surélever la selle d'un monocycle.

Roll«‑bolla ou Rola‑bol« (rouleau américain): planche posée sur un rouleau et sur laquelle l'artiste doit rester en équilibre. Routine: suite ou succession de figures de jonglage présentées à l'aide des mêmes engins et ayant une unité artistique.

Saltimbanque: artiste qui présente des tours. Le terme provient de l'italien salfimbanco (de saltare: sauter et de banco: banquette).

Spectacle vivant: domaine artistique désignant les spectacles utilisant les techniques d'expression (masque, marionnettes, théâtre, cirque, prestidigitation, danse et les arts de la rue).

Spinning: action de faire tournoyer un ballon sur le doigt ou sur un point (généralement corporel). II a été inventé par le jongleur Francis Brunn.

Swinging: utilisation de massues en les faisant mouliner (à deux mains).

Voltigeur: artiste prenant des appuis sur un autre artiste pour effectuer des acrobaties.

Ce lexique a été réalisé avec l'aide des ouvrages suivants:

JACOB (Pascal), La grande parade du cirque, Gallimard, 1992.

KIRK (Rhin«), Circus fieras and heroines, Hamond, 1972.

GLNOUVicR (G.), DBSIRAr (C.), HORDE (T.), Dictionnaire des synonymes, Larousse.

DENIS (Dominique), L'art de la jonglerie, Édifions du Spectacle, 1993 (3 tomes).

DBNIs (Dominique), Le livre du clown, Éditions du Spectacle, 1994.

FINNÉGAN (Dave), La jonglerie. Un plaisir simple et facile, jonglerie diffusion, 1994.

ACOB (Pascal), RAYNAUD DE LAGr (Christophe), Les clowns, Magellan et Cie, 2001.

Numéro spécial «Arts de la piste.., Cirque(s) aujourd'hui, n° 2122, cet. 2001.

Grand Larousse en 5 volumes, 1991.



[1]       THOMAS (R.), L'apprentissage moteur, « Que sais‑je? » n° 3206, PUE, drap. 2

[2]       HADh (Ch.), « L'évaluation des apprentissages. Trente ans de recherches et de débats », Sciences humaines, n° 12, hors série « Éduquer et former », fév.‑mars 1996, p. 69.

[3]       REVERCHON (A.) (sous la dir. de), « Peut‑on tout évaluer? », Monde de l'éducation, sept. 1996

[4]       Le programme d'EPS de la classe de sixième des collèges (BO n° 29 du 18 juillet 1996) précise: «Le présent programme constitue à cet égard, avec son document d'accompagnement, un ensemble de références qui aide l'enseignant à identifier ce qui, dans son enseignement, doit être évalué dans le cadre des instructions en vigueur. Il ne résume pas, à lui seul, tout ce qui est enseigné en éducation physique et sportive ».

[5]       « Cette question [quand tester ?] devrait vous renvoyer aux objectifs originaux de la pratique‑ la production d'apprentissages, en tant que capacité relativement permanente à réaliser une performance. Cela implique fortement que l'évaluation ne devrait pas être réalisée pendant les séances de pratiques elles-mêmes, mais plutôt au cours d'une séance spéciale, plus tard.. [SCHMIDT (R. A.), op. cit., p. 311]

[6]       «J'ai insisté à plusieurs reprises sur le fait que les conditions de la pratique qui génèrent l'apprentissage le plus effectif produisent quelquefois des performances relativement mauvaises pendant la pratique. » [SCHMIDT (R. A.), op. cit.,p. 311]

[7]       Nous prenons appui sur le principe de manipulation de la complexité et de la difficulté développé par Jean‑Jacques TEMPRADo dans « Les apprentissages décisionnels en EPS », in FAMOSE Q.‑P.), FLEURANCE (Ph.) et TOUCHARD (Y.), L'apprentissage moteur, Éditions Revue EPS, 1991

[8]        BRAUNSTEIN Q.), « Portrait de l'artiste en touche‑à‑tout », Le Monde de l'éducation, n° 260, juin 1998, p. 65

[9]        Guy Q.‑M.), « L'art du jonglage selon Jérôme Thomas », Artpress, hors série « Le cirque au‑delà du cercle », 1999