JEUX SITUATIONS AU CYCLE 3

I.             Introduction

Au moment où la polyvalence du maître est réaffirmée (nouveaux programmes de 1995),I'amenant « à conduire des activités diversifiées, mais coordonnées concourant au même objectif », l'EPS peut, outre sa spécificité de développement de la motricité humaine, se trouver très souvent au cœur des apprentissages scolaires.

Malgré la diminution d'horaire touchant cette discipline, il doit être possible d'envisager huit à dix unités d'apprentissage par an si l'on abandonne une situation de juxtaposition d'activités physiques sportives au profit d'une transversalité donnant à chaque activité sa signification.

Nous reprenons donc, comme aux cycles 1 et 2, une présentation par thèmes transversaux, tenant compte toutefois de la croissance et du développement général de l'enfant.

Quelles nouvelles exigences peut‑on demander à l'élève quand il aborde le cycle 3 ?

‑ II ne s'agit plus de «développer des conduites motrices», mais « d'affiner des habiletés acquises antérieurement».

‑ « L'acquisition des connaissances et des savoirs nécessaires à l'organisation de la vie physique » permet maintenant de « combiner ces (ses) savoirs pour réaliser des gestes sportifs ou d'expression ».

‑ L'ouverture à l'accès de la culture sera d'autant plus importante que l'on se doit de proposer à l'enfant de cycle 3 une interdisciplinarité, permettant une mise en relation étroite entre l'E PS et d'autres activités comme les mathématiques, la biologie, la géographie, la musique...

Car pour que l'élève:

‑ planifie le développement de ses ressources et gère ses efforts;

‑ contrôle les risques qu'il prend et ceux qu'il fait prendre;

‑ aide les autres à résoudre les difficultés liées aux tâches d'apprentissage;

‑ maîtrise ses pulsions et son agressivité,

il faut qu'il ait pris conscience de l'influence, les unes sur les autres, de toutes les activités proposées à l'école primaire et des liens qui se tissent entre elles.

D'où encore une fois, l'importance d'aborder l'EPS sous forme de thèmes transversaux, qui permettent de ne pas cloisonner les différents domaines d'activités.

Compte tenu de l'âge des élèves, l'enseignant est parfois tenté d'assimiler l'EPS aux activités sportives des adultes.

Or, on sait que cette période de la grande enfance a sa spécificité. Elle se situe avant la pré‑adolescence, passage difficile car correspondant à un changement d'environnement éducatif. De « grand » à l'école primaire, l'enfant va devenir « petit» au collège. C'est dire combien il doit être plein de ressources pour affronter cette nouvelle situation.

L'enfant de huit à onze ans est très motivé par l'exercice physique. Contrairement à l'enfant plus jeune, il ne se contente pas d'une réussite éphémère. Il recherche un certain accomplissement une réalisation de sa personnalité. Il veut à la fois faire des progrès et se comparer aux autres avec succès.

Il faut accepter ce double choix vers des buts de maîtrise (constat personnel de progression dans les apprentissages) et des buts compétitifs (comparaison avec les autres). Certains chercheurs ont montré que même chez des sportifs de haut niveau, les deux types de but coexistaient. Bien évidemment, l'effort de l'enseignant doit surtout porter sur l'émergence de buts de maîtrise dont on peut toujours espérer un transfert positif sur l'ensemble des apprentissages.

D'ailleurs, si l'enfant fréquente un club, il aura beaucoup d'occasions de se comparer aux autres.

Ainsi peut‑on définir le domaine d'intervention du maître dans les différents thèmes que nous abordons dans ce livre.

A.  MÉTHODE DE TRAVAIL

Lorsque l'enfant entre au cycle 3, ses connaissances dans les domaines des mathématiques et des sciences, dans celui de la langue écrite et parlée, ainsi que tout ce qui a trait à une culture plus générale et que l'on nomme « activi‑tés d'éveil », ses connaissances donc sont déjà bien mises en place car abordées par étapes programmées et progressives, et toujours renouvelées. II doit en être de même en ce qui concerne l'éducation physique que l'enfant a pratiquée trois ans à l'école maternelle à l'occasion de la psychomotricité quotidienne, puis deux ans à l'école élémentaire. Si l'enfant fait donc régulièrement de l'E PS depuis cinq ans, il faut maintenant lui proposer des activités corporelles qui vont contribuer à la poursuite de son développement et de sa croissance, mais qui vont également lui permettre de découvrir ce qu'il ne connaît pas encore ou qu'il n'a pas encore rencontré.

Ces activités devront donc être:

‑ plus techniques (par exemple, en tennis ou en mini‑tennis : répétition du geste d'envoi de la balle jusqu'à complète maîtrise),

‑ combinées (par exemple, unihoc sur patins à roulettes),

‑ originales (frisbee, pétanque, cyclotourisme...).

Là encore, nous restons fidèles à la démarche déjà mise en application au cycle 1 et au cycle 2, alternant jeux, situations préparatoires et exercices.

Si, pour citer Spaëth Arnold, « L'individu est un organisme adaptatif, sensible aux circonstances prédominantes de l'environnement», alors il doit s'exercer dans des situations proches de la pratique visée.

Et donc, nous utiliserons des jeux dont le principe se rapproche, tout en le simplifiant, du caractère particulier de tel ou tel sport ;ou bien encore qui permettront d'intégrer des notions de coopération‑opposition.

Nous utiliserons des situations dans lesquelles le but final est spécifié mais pas la manière de faire, ceci pour ne pas enfermer le geste dans une forme stricte, en sachant que les réponses motrices peuvent être différentes d'un individu à l'autre.

Des exercices enfin, pour obtenir par la répétition un affinement et une maîtrise (passage à un contrôle nerveux semi‑conscient) des mouvements les plus justes, efficaces, etc., permettant eux‑mêmes des coordinations complexes.

La variété de ces procédés d'apprentissages peuvent peut être plus sûrement, suivant l'âge et les circonstances, contribuer à un développement complet de l'enfant.

B.  LES ACTIVITÉS

‑ Petit matériel (frisbee, jeux de boules, cordes à sauter, jonglages avec balles, etc.),

‑ gros matériel (barres asymétriques, cheval d'arçon, de voltige ou mouton, poutre, barres parallèles),

‑ rythmes et danses,

‑ expression corporelle (conte musical),

‑ jeux traditionnels ou jeux du patrimoine,

‑ sports collectifs (handball, basket‑ball, football, mais aussi jeu de la balle ovale...),

‑ jeux d'opposition (tirer, pousser, soulever),

‑ jeux de raquette (tennis ou mini‑tennis, badminton...),

‑ GRS (massues, cerceaux, cordes à sauter...),

‑ activités d'équilibre (échasses, patins à roulettes et à glace),

‑ natation (natation synchronisée),

‑ grimper‑escalade (mur d'escalade), ‑ athlétisme (formes codifiées),

‑ gymnastique (enchaînements),

‑ activités physiques de pleine nature (randonnées, VTT..).

Toutes ces activités sont réalisables sur les trois années du cycle 3, en adaptant les divers exercices à ses propres élèves. Le travail par ateliers ou par groupes de niveau est fortement conseillé suivant les séquences proposées, du fait même des classes parfois très chargées. Un responsable, qui variera à chaque séance, sera chargé de veiller au bon déroulement de la consigne donnée préalablement à tous en début de séance.

Certaines activités prennent de l'importance à cet âge mais toutes sont travaillées de façon intensive. Nous avons établi u n tableau précisant la relation activités‑thèmes, qui vit permettre ensuite ‑ suivant l'importance du thème de faire une programmation sur tout le cycle puis une progression sur chaque année du cycle.

C.  LES THÈMES

1.    L'ÉNERGIE

‑ La maîtrise de la respiration

‑ Les ressources énergétiques

2.    LE CORPS PAR RAPPORT À LUI‑MEME

‑ Le développement de l'équilibre

‑ La prise de risque

3.    L'INDIVIDU ET LE GROUPE

‑ Le respect des règles

‑ Les situations de coopération

4.    L'HABILETÉ MOTRICE

Traitement de l'information visuelle et coordinations complexes

5.    LES CONCEPTS D'ESPACE ET DE TEMPS

Mise en relation des deux concepts

6.    L'INDIVIDU ET SON ENVIRONNEMENT

‑ Développement du sens esthétique

‑ Écologie

7.    COMPLÉMENTS

‑ Des exemples de mise entrain

‑ Diversité des publics (classe à plusieurs niveaux...)

‑ Interdisciplinarité

Ils seront abordés de façon identique, c'est‑à‑dire une introduction permettant de situer le centre d'intérêt et précisant les comportements à rechercher auprès des élèves,

‑ des propositions de situations, de jeux, d'exercices, spécifiant les buts clairement définis à donner aux enfants,

‑ des exemples de grilles d'évaluation qui seront proposées,

soit en cours puis en fin d'activité (afin de sensibiliser l'enfant à ses progrès ou au contraire au fait qu'il obtienne des résultats d'évaluation identiques),

soit à la fin d'une période d'activités.

Des situations de remédiation pourront être envisagées, suite aux évaluations, pour des enfants en grande difficulté. Mais n'oublions pas que la meilleure remédiation aux problèmes divers ou aux difficultés de tous ordres, reste la pratique quotidienne, régulière, de l'éducation physique.

‑ Des travaux réalisés en classe, qui précéderont ou au contraire qui seront ultérieurs aux séances d'éducation physique, et qui permettront ainsi la liaison entre disciplines.

D.  PLACE DU THÈME DANS LE CYCLE

Le tableau ci‑après montre comment peuvent être gérés les thèmes sur les trois années du cycle 3.

Les tableaux suivants, quant à eux, donnent des exemples possibles de répartition des thèmes sur une année scolaire, divisée en cinq périodes, les cinq périodes correspondant aux semaines situées entre les vacances.