Les concepts d'espace et de temps

I.     En résumé...

Ces concepts sont non seulement un thème transversal en éducation physique mais aussi une compétence transversale commune à de nombreuses disciplines enseignées à l'école élémentaire.

Au cycle 3, les programmes prévoient l'apprentissage des mesures. Quelle meilleure manipulation pour un enfant que d'utiliser le décamètre au saut en longueur ou le chronomètre pour les courses ? Une autre expérience intéressante est celle de l'étalonnage du pas qui donne un indice supplémentaire en milieu naturel (chemins forestiers) pour l'activité course d'orientation.

Au cycle 2, les élèves ont été aidés de différentes façons (quadrillages, terrains tracés pour des jeux ‑ cercles, rectangles ‑, terrains réglementaires du gymnase) pour se repérer, se situer facilement dans un espace. Cette construction personnelle va se poursuivre au cycle 3 car l'enfant, beaucoup plus autonome, pourra évoluer dans des terrains plus vastes comme le « vrai » terrain de football du stade municipal qu'il percevra dans son entier et non suivant les zones les plus attirantes : le but et la surface de but.

Les classes vertes, les classes de neige, les sorties en vélo, les sorties escalade ou les simples jeux de pleine nature, sont autant d'occasions d'intégrer cette notion d'espace, c'est‑à‑dire pour l'enfant qui ne s'y trouve plus ou pas encore, se représenter l'espace lorsqu'il lit la carte.

Le concept de temps est beaucoup plus difficile à appréhender: il y a le temps historique, le temps cyclique... En EPS, le temps est un temps organisé et vécu corporellement. En dehors des mesures de temps, on parle de rythme car tout geste en mouvement a son propre rythme. Les chansons des marins accompagnaient la manœuvre des cordages sur les bateaux à voile, les temps forts du chant soutenant l'effort des exécutants. Le geste sportif a aussi son propre rythme qui est particulièrement présent dans les activités d'expression (la danse, l'expression corporelle, la gymnastique rythmique sportive).

À partir de la maîtrise de cadences et de rythmes simples, le vocabulaire temporel de l'enfant va être enrichi de structures rythmiques complexes, usage de contre‑temps, etc.

Enfin, la mise en relation de ces deux concepts est aussi un objectif évident au cycle 3. Évaluer le temps mis par un élève pour parcourir une certaine distance et calculer ce qui correspondrait à une distance plus importante, sont des opérations abstraites en relation avec la pratique physique. L'enfant anticipe le résultat d'une action après avoir compris le rapport espace‑temps. C'est vrai pour la course longue ; c'est aussi vrai quand on prévoit un changement de figure dans les danses collectives.

II.   Situations, jeux, exercices

A.  L'ESPACE

1.              Les situations pendant lesquelles on mesure

Le constat des performances va se faire à l'aide de la toise (saut en hauteur), ou du décamètre (saut en longueur, triple saut, lancer).

a)    Saut en longueur

‑ Mesurer un terrain d'évolution de 15 mètres de long.

Se déplacer du départ à l'arrivée comme proposé ci‑dessous et revenir en marchant

‑ la course du boiteux: accentuer tous les appuis du pied gauche (ou droit),

‑ essayer de planer: enchaîner des foulées bondissantes en prolongeant le temps de suspension,

‑ aller du départ à l'arrivée avec le moins de foulées possibles.

‑ Étalonner sa foulée le long d'un double décamètre déployé

‑ noter la distance parcourue en partant de la zone d'impulsion (courir donc à l'inverse de la course d'élan) pour une

course de huit appuis. Faire plusieurs essais pour confirmation,

‑ lier la course et l'élan. En partant de la marque trouvée précédemment, l'élève doit arriver correctement dans la zone d'impulsion sans mordre. Pour huit appuis, il faut partir en posant d'abord le pied droit pour un appel pied gauche,

‑ pendant le saut lui‑même, chercher à aller vers l'avant avec les épaules et le genou de la jambe libre (celle qui ne fait pas sauter).

b)    Les lancers

Les situations les plus propices pour mesurer sont les lancers lourds.

 En effet, il existe souvent une grande variété d'aptitude dès que l'on fait lancer des objets légers (balles de tennis). Certains garçons de dix ans atteignent facilement 25 à 30 mètres alors que d'autres restent en deçà de 10 mètres. Dans ce cas, une mesure efficace est difficile, et mieux vaut attendre le jour d'une compétition prévue sur le stade municipal par exemple.

En revanche, avec des balles lestées ou des medicine‑balls de 1 kilo ou bien encore des boudins de caoutchouc munis de poignée (cf. chapitre « Les ressources énergétiques », la fabrication), l'étalement des résultats est moindre.

2.              les situations pendant lesquelles on se situe et on se repère

‑ Les parcours gymniques dans lesquels il faut passer d'un atelier à l'autre selon un certain ordre,

‑ les terrains de sports collectifs.

Attirer l'attention des enfants sur les lignes, les zones délimitées par ces lignes. Le codage en couleur pour chaque sport est unifié pour tous les gymnases.

Préciser quelles sont les zones interdites (zone de but de handball, raquette du basket pour la règle des 3 secondes...).

Augmenter éventuellement le nombre de repères (procédé des couloirs pour éviter le phénomène de la grappe autour du ballon).

‑ Les jeux de pleine nature.

Faire le tour de la zone de jeu en courant et en suivant les chemins qui en constituent le périmètre.

Attirer l'attention des élèves sur la configuration du terrain. Par exemple : sens de la pente par rapport au camp de telle équipe... (jeu des gendarmes et des voleurs).

3.              Le corps et l'espace (expression corporelle)

a)    Espace proche (en relation avec le schéma corporel)

. Situation 1

 ‑ Dessiner avec son corps un objet cité par l'enseignant (un jouet, un fruit, un arbre, un mode de locomotion...),

‑ idem mais en n'utilisant plus les bras,

‑ idem avec une partie très précise du corps : la pointe de son pied, son (ses) épaule(s), sa tête... (Musique: « Improvisation 1 »).

. Situation 2

 ‑ Même situation que ci‑dessus, mais cette fois on dessine une ligne, une figure géométrique, une lettre ou un chiffre.

b)    Espace plus lointain

Situation 1

‑ Placer des objets ayant des formes différentes sur tout l'espace utilisé. Sélectionner des objets de forme ou de volume peu conventionnels. II est également possible de travailler à partir d'images.

S'arrêter près d'un objet ou d'une image, représenter avec son corps ce que l'on ressent en le (la) regardant (Musique: « Jeux drôles »).

Se déplacer ensuite vers un autre objet (Jeux drôles: le déplacement est matérialisé un instrument à percussion, sur huit temps).

Recommencer de la même façon le mime puis le déplacement, jusqu'à la fin du morceau de musique.

Situation 2

‑ Par deux. Réaliser un volume quel qu'il soit. Les porters sont autorisés. Toutes les positions sont acceptées.

4.              L’orientation

Tout ce qui concerne l'approche préalable de la notion d'orientation peut être classé dans ce chapitre.

Jeux

Au gymnase ou mieux sur le plateau d'EPS, repérer à l'aide de la boussole les différents points cardinaux NSEO.

‑ La classe se trouve au centre du terrain. Au signal de l'enseignant, il s'agit d'aller le plus vite possible vers la ligne dont le nom est soit le Nord ou l'Est etc., d'après l'observation faite au début de la séance. Les deux derniers élèves arrivés sont pénalisés (mais pas éliminés).

‑ La classe est divisée en quatre groupes. Chaque groupe se place sur l'une des quatre bases du terrain du jeu. Au signal de l'enseignant, les groupes permutent entre eux Nord/Sud, Est/Ouest, Nord/Ouest... Les deux derniers élèves arrivés font que leur équipe est pénalisée.

‑ Le terrain carré est appelé N S E O et ses angles NO SO NE SE...

Les quatre groupes de la classe se distinguent par des foulards de couleur. L'enseignant annonce par exemple : les bleus au SO, les rouges au NE, les jaunes à l'Est, etc.

‑ On peut compléter ces jeux par un jeu en salle de classe, à faire sur papier quadrillé. Ex. : à partir du départ, tracer l cm en direction du N, puis 1 cm vers le NO, etc.

5.              La GRS

Après le travail de base (exploitation motrice du ruban, du ballon, du cerceau ou de la corde) et avant l'étape finale qui consistera à créer, dans le but de le présenter à un tiers, un enchaînement dans lequel entrera le critère de la beauté, il est utile de proposer une étape intermédiaire. C'est la liaison du corps et de l'engin avec l'espace d'évolution ou avec la musique qui l'accompagne (cf. paragraphe « Le temps »).

. Maîtriser le sens de l'action.

. Exemples:

‑->   pour le ruban

‑ utiliser l'accentuation et inversement lorsqu'on désire changer de sens,

‑ réaliser plusieurs changements de sens en utilisant des formes simples puis (spirales) puis des formes plus complexes.

‑‑ > pour le ballon

‑ balancer de gauche à droite, de droite à gauche, d'une main dans l'autre, devant soi, sur le côté,

‑ faire des spirales, ballon dans la paume de la main.

Utiliser les verbes d’actions et se déplacer ‑ pour le ruban (verbes d'action : serpenter, tourner... cf. chapitre : « Habileté motrice »)

‑ en occupant tout l'espace mis à disposition, en veillant à ne pas gêner ses camarades et sans que les rubans ne s'emmêlent,

 ‑‑> pour le ballon (verbes d'action : lancer, rattraper, rouler, rebondir)

‑ en occupant tout l'espace mis à disposition, en veillant à ne pas gêner ses camarades et sans que le ballon ne soit perdu, pour le ruban et le ballon,

‑ en suivant un tracé au sol (décentrer son regard) ‑ en sollicitant le corps de façons différentes avant, arrière, de côté, en tournant, en haut, en bas.

B.  LE TEMPS

1.              Le rythme

Définitions : le rythme, c'est la cadence régulière donnée par des temps forts ou faibles, des accents. Il en résulte un mouvement général qui permet d'apprécier qu'il est lent ou saccadé...

Le tempo, c'est la vitesse d'exécution.

. Situations permettant de maîtriser des rythmes différents.

Situation 1

‑ Déplacements libres sur des musiques variées, puis recherche de déplacements plus structurés sur ces mêmes musiques.

Occuper tout l'espace en suivant le rythme proposé et en variant à la fois les directions et les sens de déplacements (avant ‑ arrière ‑ sur le côté...)

(Musique: « Musiques à danser »).

Situation 2

‑ Marquer le tempo (c'est‑à‑dire frapper le temps) sans se déplacer mais en utilisant toutes les parties du corps (Musique: « Musiques à danser »).

‑ Recherche des tempos caractéristiques d'une musique. Les frapper avec les mains. Pour ne pas gêner ses voisins, préférer « le tambour et la baguette » aux claquements main gauche ouverte, on tape dans la paume avec l'index et le majeur de la main droite. Les volontaires font écouter à la classe ce qu'ils ont identifié, puis reprendre collectivement (Musique: « Musiques à danser »).

‑ Choisir deux tempos significatifs. Répartir la classe en deux groupes, chaque groupe ayant son tempo attitré. Réaliser à nouveau l'exercice en inversant les tempos de chacun des groupes (Musique: « Musiques à danser »).

Situation 3

‑ Reprendre la situation précédente, mais cette fois frapper le temps avec les pieds, d'abord sans déplacement puis en se déplaçant.

‑ Se déplacer en combinant pieds + autre partie du corps,

‑ créer un rythme à sa guise grâce à un nouveau tempo,

‑ idem en se déplaçant,

‑ terminer la séance en exigeant que le tempo que l'on va choisir soit frappé de la façon la plus rigoureuse possible. (Musique: « Jeux des robots »).

Situation 4

‑ Proposer une nouvelle musique, reconnaître les tempos principaux, les frapper,

‑ demander à un enfant de montrer à la classe ce qu'il a réalisé ; faire reprendre ensuite par la classe entière,

‑ idem avec un autre, d'autres enfants...

‑ enchaîner les diverses propositions et faire réaliser jusqu'à la coordination la plus parfaite possible.

2.              La danse

a)    Le corps dans son intégralité

Au cycle 2, les enfants ont créé des mouvements d'ensemble qu'ils ont élaboré peu à peu, en étant attentifs aux propositions de chacun, et bien souvent dans le but de produire un spectacle.

Au cycle 3, il est possible d'organiser avec la classe un travail plus en profondeur, où l'on privilégiera une création individuelle ou à deux, sans but spécifique. On misera plutôt sur l'improvisation, dans l'espace et dans le temps. Encore faut‑il savoir « jouer » avec son corps, bien connaître ses limites ainsi que ses possibilités.

D'où la réalisation de tous les exercices issus du domaine de l'expression corporelle, qui permettent au corps de parler, à la sensibilité de s'exprimer...

Exemples

‑ Au sol, mettre son corps en boule, puis s'étirer au maximum. Recommencer plusieurs fois de suite,

‑ toucher certaines parties de son corps avec une partie sélectionnée par l'enseignant

la main touche ‑‑> la tête l'épaule le genou le pied...

le genou touche ‑-> la main l'autre genou la tête l'épaule...

Ce qui implique une variation des positions (assis, debout, couché, accroupi...).

‑ Jouer sur les contraires

‑‑>grand / petit gros / mince lourd / léger et puis

‑‑>gai / triste  jeune / vieux effrayé / tranquille

‑ Être un pantin qui obéit aux consignes de l'enseignant et qui lève la jambe gauche, le bras droit, devient mou comme une poupée de chiffon et tombe à terre...

‑ Jouer à marcher sur un fil, comme le funambule : être déséquilibré, puis retrouver son équilibre, puis chuter...

‑ Se balancer, tanguer, comme le bateau sur l'eau. (Musique: « Rêverie »)

Remarque: si l'on veut vraiment restreindre l'imitation aux attitudes du corps, il suffit que les enfants portent un masque.

‑ Avec une couverture tendue verticalement, apparaissent les visages de quatre élèves. Leur faire mimer des sensations (avoir chaud, avoir froid...), des sentiments (avoir peur, être heureux...), soit à l'ensemble, soit l'un après l'autre en contraste (le n° 1 a chaud, le n° 2 a froid etc.). Les groupes de quatre se succèdent.

(Musiques pour tous ces exercices : « Jeux calins » ou « Temps de vivre »)

b)    Le corps et le temps

Pour que les gestes puissent être plus largement diversifiés et qu'ils soient synchronisés le mieux possible avec le son entendu, il faut proposer aux enfants une large panoplie de musiques, allant du classique au moderne, et passant par des types différents tels que musique électronique, folklorique, musiques de films, ou bien encore typiques comme les musiques du continent africain.

(1)  Situation 1

‑ Se déplacer sur le rythme musical proposé en respectant le tempo,

‑ être mobile quand on entend la musique, immobile sans être « debout droit » quand la musique s'arrête (Musique

« Mobile, immobile »).

(2)  Situation 2

‑ Se déplacer d'un bout à l'autre de la salle en respectant la musique mais sans être debout.

Accepter toutes les positions, mais préciser encore une fois qu'il ne faut toucher personne lors de son déplacement (Musique: « Rêverie »).

(3)  Situation 3

‑ Se déplacer le plus lentement possible d'un point à un autre (ralenti). (Musique : « Temps de vivre »).

(4)  Situation 4

‑ Se déplacer en suivant le rythme musical, s'arrêter quand la musique s'arrête et mimer une action sur le temps mort. Lorsque la musique se fait entendre à nouveau, reprendre son déplacement puis s'arrêter au temps mort de la même façon que précédemment. (Musique: « Jeux des robots »).

Le but est de faire prendre conscience à l'enfant de la notion de durée, pour que, à l'issue de l'exercice, les actions qu'il mime sur chaque temps mort soient achevées quand il entend de nouveau la musique.

C.  LES ACTIVITÉS PENDANT LESQUELLES LA RELATION ESPACE /TEMPS EST ÉVIDENTE

1.              La GRS

‑ Utiliser les verbes d'action et se déplacer

‑ en utilisant les différentes formes de déplacement : le saut, la marche, la course, le sautillé, le galop,

‑ en utilisant les formes dérivées des cinq déplacements pas chassés, pas de polka...

Bien entendu, les musiques devront être parfaitement significatives (« Musique au corps » de John Boswell Éditions Revue ERS).

‑ Manipuler rubans et ballons sur des musiques de genres différents.

‑ Rechercher les figures réalisables sur une musique lente, rapide, semi‑rapide.

‑ combiner toutes les réalisations précédentes, sans oublier d'insister sur la relation engin‑corps (nombre d'appuis ; positions diverses : debout, assis, mobilisation du corps dans son ensemble).

2.              Autres activités

La course longue et les situations de nage prolongée sont les deux activités essentielles permettant la mise en relation du concept d'espace et du concept de temps. Pendant un entraînement consistant à faire plusieurs tours de terrain en athlétisme, ou plusieurs longueurs de bassin en natation, l'enseignant annoncera tout haut le temps de passage (les élèves connaissant les longueurs correspondantes : piste de 400 mètres, cour balisée tous les 25 mètres pour obtenir un anneau de 150 mètres, bassin de natation de 25 mètres ou 50 mètres de longueur ou 15 mètres de largeur).

Il est possible aussi de faire retentir un signal sonore toutes les minutes ou toutes les 30 secondes, la relation distance ‑ temps étant annoncée clairement à la fin de l'effort.

Exercice de contrôle

Sur un parcours connu, demander aux élèves de courir pendant 3 minutes puis de marcher (à réaliser sans regarder sa montre). Cela permet de constater si le rythme de course choisi convient bien à une distance prévue par chacun des coureurs.